mercredi 15 octobre 2008

Visite dans l'invasion

Visite dans l’invasion

La semaine dernière, mercredi, nous avions pris rendez-vous avec le Père Bernard pour faire une visite dans le quartier, dans le but d’un début d’apprivoisement réciproque. Marcher dans les rues avec lui était notre sécurité : il est évident que nous n’avions rien sur nous que nos habits et nos croix, pour éviter tout risque. Tout s’est très bien passé d’ailleurs !
Nous avons donc visité l’Invasion, le quartier situé derrière l’église, au plus près de la lagune. De gros travaux y ont été réalisés depuis quelques années pour faire disparaître les palafitas. Il en reste quelques unes, témoins de l’histoire du quartier. Une digue a été construite, sur laquelle passe une route pavée qui borde un terrain où 400 maisons en dur doivent être bâties prochainement.
Nous aurions aimé prendre des photos mais vous comprendrez que ce n’est pas recommandé !
Vous auriez vu les rues défoncées, faites de terre, déversée sur le remblai (des ordures de la ville), les maisons de tous genres, depuis la maison en brique à plusieurs étages, jusqu’à la cabane en bois. Et bien sûr, partout, ces regards tournés vers nous, les blancs (nous étions avec Suzanne et les Blanchard).
Grâce au P Bernard, nous avons pu visiter quelques familles, dont certaines qui ont des enfants au soutien scolaire. Et donc nous avons pu réaliser la misère de ces gens, entassés dans des espaces à peine éclairés, où la télé diffuse son programme à personne, dans des intérieurs étouffants de poussière, de fumée de cuisine ou simplement de foule.
Quelques maisons plus aménagées sont vite peuplées par les enfants, leurs conjoints et leurs enfants. Telle maman de 16 (19 ?) enfants, qui a aménagé un étage pour les plus grands et leurs ménages. Telle famille où la maman de 45 ans est déjà 12 fois grand-mère… La dernière maison nous a particulièrement touchés : une vieille femme, malade. La mère de famille, bébé au bras, cuisinant dans l’obscurité d’une vieille ampoule. Deux garçons ados, avachis sur le lit/canapé avec leur téléphone portable. Et au fond, un coin sanitaire douteux. Le tout sous un toit de bois et sans fenêtre. Le P Bernard nous dit que c’est incroyable que la femme arrive à tenir. Le mari est rentré quand nous partions, il a un travail et semble s’occuper de ramener des sous à la maison. Mais les deux garçons ont pris le pli du quartier : ne rien faire, ne rien apprendre, sinon la loi de la rue.

La paroisse a acheté un terrain dans ce quartier pour y construire une chapelle et participer à l’évangélisation, course effrénée que se livrent d’un côté la paroisse, de l’autre les innombrables sectes évangéliques en tous genres. Aujourd’hui le terrain est ras. Dans quelques mois, nous espérons que les travaux auront pu démarrer.

Nous retournerons dans le quartier pour visiter les familles des enfants dont nous nous occupons, et pour parler avec les gens de ce qui nous anime : un témoignage peut-être vain, mais on ne peut pas récolter sans prendre le risque de semer ! L’Invasion est en pleine mutation du point de vue urbanistique. Que ce soit aussi l’occasion d’une conversion…

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